Cap Corse.
Oyé, je suis de retour! Après trois semaines « off », je reprends doucement mes marques sous le ciel gris de Paris. Cette année, je m’étais promis d’essayer de déconnecter, au sens propre du terme. Après avoir désactivé ma boite mail pro sur mon téléphone, je me suis efforcée de snober les trois icônes sur lesquelles j’ai tendance à appuyer machinalement toute la journée: Facebook, Twitter et Instagram. Et si les réflexes ont la vie dure, les miens ont été rapidement cassés dans leur élan une fois débarquée en Corse. Là-haut, « au village » comme on dit, pas l’ombre d’une barre de réseau. Les premiers jours, j’ai tenté diverses poses étranges, les bras levés au dessus de chaque fenêtre de cette petite maison typique surplombant la vallée touffue de la Castagniccia. « Va à la chapelle, là-bas on capte un peu », m’a conseillé la grand-mère de Mister T. « Essaye en bas de la troisième marche, dans le renfoncement de l’entrée », m’a encore expliqué la tante de ce dernier. Que nenni, le réseau aka ma lorgnette sur le monde, était « indisponible ».
Quoi qu’un peu frustrée les premières heures de ce jeûne numérique forcé, je me suis finalement adaptée à l’absence, la vôtre mais aussi la mienne, savourant chaque jour un peu plus ces moments rien qu’à nous deux. C’est qu’au quotidien, on se laisse facilement prendre au jeu. Un plat savoureux? Et hop, une photo Instagram. Un tour en bateau-mouche? Et bim, immortalisé sur Facebook. Un coucher de soleil romantique? Et paf, je fais baver les twittos en 140 signes et une pic. Entendue quelques semaines auparavant à l’occasion d’un reportage sur l’e-influence, cette phrase d’un intervenant dont j’ai oublié le nom, m’est alors revenue avec force: « Ce n’est pas parce qu’on ne photographie pas ou qu’on ne communique pas une chose qu’elle n’existe pas ».
Depuis la citadelle de Calvi.
Au gré de mes déplacements, malgré une 3G intermittente, j’ai donc profité « en aparté » des montagnes verdoyantes bourrées de figuiers, châtaigniers et autres noisetiers, de dizaines d’étendues de bleu -durablement incrustées dans ma rétine-, de balades à cheval dans les sentiers pentus du maquis, des randonnées au milieu des porcs, vaches et chèvres en liberté, de lectures au soleil, des plateaux de charcuterie, fromages, cannellonis au brocciu, fiadone et pâtes à la langouste, des tablées familiales à la nuit tombée où l’on se souvient d’autrefois, de cette époque -pas si lointaine- où les ânes portaient les paquets, où l’eau courante n’existait pas.
Le temps a pris une autre dimension. Par 30°C, il s’est étiré tranquillement, sans « notifications », sans « J’aime » sans « Tu peux te pousser? Je prends une photo ». Comme avant, avant-il-y a-15-ans. Ce n’était pas forcément mieux, c’était juste autrement. Et cet autrement, durant ce laps de temps, m’a fait du bien.
Sur ce, j’ai des tas de photos à liker sur Instagram et au moins un millier de statuts Facebook à rattraper